50ème congrès Jeunes Agriculteurs : JA 51, (activement) présents !

Le syndicat Jeunes Agriculteurs a organisé les 31 mai, 2 et 3 juin derniers son 50ème Congrès National à Mâcon. Ces trois jours ont été l’occasion pour le réseau JA de se réunir pour travailler le rapport d’orientation, axé sur la structuration des filières.

Chaque année, Jeunes Agriculteurs, syndicat de propositions travaille sur une thématique avec l’ensemble de son réseau pour formuler des propositions pour l’agriculture de demain. Ce travail de prospectives permet l’élaboration des idées novatrices et audacieuses pour l’avenir. Cette année, le rapport d’orientation sur lequel ont porté les débats s’intitulait : « Alimentons notre avenir par des filières structurées ».

Le travail en département 

Les Jeunes Agriculteurs de la Marne s’étaient réunis le 15 avril dernier afin de travailler sur le rapport d’orientation. Plusieurs amendements avaient été retenus lors de la séance des amendements en région Grand Est, en présence des rapporteurs. Une délégation marnaise s’est ensuite constituée pour prendre part aux débats et défendre son point de vue.

Jean Baptiste DESRUELLE, prend le micro pour les JA 51

Jean Baptiste DESRUELLE prend le micro pour les JA 51

Congrès Timothée

Défense des amendements au rapport d’orientation par Timothée APPERT COLLIN

La délégation marnaise

La délégation marnaise

 

Au cœur des débats :

– le fonctionnement des relations commerciales

– l’organisation des productions

– la construction du prix payé au producteur

– la gouvernance des filières agricoles entre tous les maillons des filières

– les mécanismes de gestion de crise

– le rôle de l’alimentation dans l’agriculture

 

Et bien entendu, les politiques d’installation pour les jeunes. Sur ce dernier point, les JA insistent sur le fait que les filières doivent se saisir du problème du renouvellement des générations, rappelant que si demain il n’y a plus de producteurs, les industriels seront directement impactés.

 

Les rapporteurs : Vincent TOUZOT, Florian SALMON et Aurélien CLAVEL s’expliquent 

Quels constats sur la gouvernance des filières ?

«  Actuellement, l’instance la plus répandue dans les différentes filières en matière de gouvernance est l’interprofession agricole. La création des interprofessions agricoles trouve son origine dans la volonté des différents maillons d’une filière de s’impliquer dans les problèmes de la filière à tous les stades de la production, de la transformation, de la commercialisation et voire de la distribution. Elles ont par conséquent pour objectif de conduire des actions dans l’intérêt de tous les maillons d’une filière (promotion, recherche). Nous constatons qu’il existe de nombreuses formes d’interprofessions en fonction des filières. Nous avons en France des interprofessions « longues », qui impliquent une quantité d’acteurs de l’amont à l’aval. C’est le cas par exemple d’Interbev qui compte plus de 20 organisations nationales issues des métiers du secteur bétail et viande, des éleveurs aux distributeurs et la restauration collective en gestion directe. A l’inverse, nous avons aussi des interprofessions « courtes » qui ne regroupent que l’aval des filières. Le mode de financement est également variable : certaines sont majoritairement financées par l’amont, tandis que d’autres basent leur financement sur le chiffre d’affaires des maillons par exemple. »

 

Quels sont les caractéristiques de nos filières agricoles ?

« Pour commencer, rappelons la définition stricto sensu d’une filière1 : il s’agit d’une succession d’actions menées par des acteurs pour produire, transformer, vendre et consommer un produit. Cette vision est erronée pour nous, et oublie un paramètre essentiel : l’Homme. Pour Jeunes Agriculteurs, une filière n’est pas uniquement une succession d’actions. L’homme doit être au centre des échanges afin que tous les maillons de ces filières puissent récupérer la valeur de leur travail. Les filières doivent s’appuyer sur des notions de solidarité, de durabilité, de transmission du savoir et des exploitations. La diversité des productions françaises expliquent la multitude de filières présentes sur notre territoire. Les situations sont très hétérogènes d’une filière à l’autre et il est difficile de faire des généralités. On imagine que ces différences sont liées aux marchés auxquels ces filières répondent et aux relations commerciales entre les acteurs. Dans le rapport, nous nous appuyons sur de nombreuses filières pour illustrer les différents partis pris stratégiques. Par exemple, les filières de foies gras, de lapins et de vins ont su à tirer profit de l’export avec des produits à forte valeurs ajoutées. Les filières blés tendres et volailles de chair sont également présentes à l’export, en revanche, elles génèrent de la valeur en exportant des volumes considérables, parce que nous avons affaire à des produits fortement substituables. La filière viticole, quant à elle, joue sur les deux tableaux à l’export avec de gros volumes (par la vente de vin en vrac) et des produits plus hauts de gamme (ventes en bouteille). »

 

Selon vous, quelles sont les filières alimentaires exemplaires qui devraient être inspirantes?

« Sans hésitation, la filière comté. La crise laitière que nous traversons a touché tous les producteurs de lait, à l’exception de ceux produisant du lait à comté ! Dans cette filière, il existe un comité interprofessionnel depuis 1963 qui joue un rôle très important. Ce comité, au sein duquel les agriculteurs ont su s’impliquer autant que les autres acteurs de la filière, est en charge de la promotion du produit via de vastes campagnes de communication financées par tous ces acteurs. Ce comité exerce aussi un rôle de régulateur sur l’offre de ce fromage en attribuant par exemple, des volumes de production aux jeunes afin de maintenir un renouvellement régulier entre générations. Enfin, et pas des moindres, ce comité a mis en place un indice permettant de calculer le prix de vente moyen de la filière et assure ainsi une répartition équitable de la valeur ajoutée produite entre tous les acteurs. Personne n’aurait pu parier sur le succès des filières oléo-protéagineuses, cette production ayant quasiment disparu au début des années soixante. Aujourd’hui, nous recensons plus de deux millions 7 d’hectares d’oléagineux. Cette réussite a lieu grâce à la mise en place de deux interprofessions pour structurer l’offre en créant une société de financement de la filière française des 16 huiles et protéines végétales : Sofiprotéol. Cela a permis de financer notamment la recherche et la sélection variétale et a permis de répondre à la demande de consommation des tourteaux par les animaux. »

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Un nouveau président pour Jeunes Agriculteurs

Election de Jérémy Decerle, nouveau Présient JA

 

Le 2 juin dernier à Mâcon, Jérémy Decerle est devenu officiellement le 27ème président de Jeunes Agriculteurs. Eleveur de bovins en Bourgogne, Jérémy Decerle souhaite que le renouvellement des générations en agriculture et la structuration des filières agricole restent une priorité. Pour cet originaire de Saône-et-Loire, être élu dans le département organisateur du congrès où il a fait ses premières armes de syndicaliste est une fierté. Ce congrès anniversaire qui a réuni plus de 800 responsables syndicaux Jeunes Agriculteurs pendant 3 jours, était aussi un congrès électif. Les 37 nouveaux membres du Conseil d’Administration ont désigné le Bureau Jeunes Agriculteurs et son président dans la nuit de mercredi à jeudi. Jérémy Decerle, alors vice-président, devient président de Jeunes Agriculteurs, succédant à Thomas Diemer.

Une vision prospective

Jérémy Decerle a annoncé hier lors de son discours inaugural, qu’il allait poursuivre avec son équipe le travail réalisé sur les filières et sur l’amélioration du renouvellement des générations en agriculture, dossier qu’il maitrise bien. Animé par la volonté non seulement de réussir, mais aussi de transmettre, Jérémy a rappelé « réfléchir déjà à ce que [son] équipe laissera à [ses] successeurs ». Elu pour une période de deux ans, ce mandat assez bref «exige de se mettre tout de suite au travail en se fixant un cap à tenir et des objectifs à atteindre. »

Ouverture et dialogue avec nos concitoyens

Pour ce nouveau président, il s’agit pour les deux prochaines années de tenir la place et le rôle qu’a Jeunes Agriculteurs : « Nous sommes un syndicat uniquement composé de jeunes, c’est notre ADN. Il nous incombe donc de prendre en main l’avenir de notre profession, de porter de nouvelles propositions pour faire évoluer notre métier et de construire l’agriculture de demain. ». Entretenir un dialogue permanent vers l’extérieur sera aussi une priorité : « en tant que syndicat, nous devons être cet intermédiaire entre les décideurs politiques, la société civile et la profession agricole » explique Jérémy Decerle. Par ailleurs, le contexte politique des élections présidentielles permettra de porter des propositions concrètes aux candidats : « Nous comptons bien profiter de l’oreille attentive des politiques pour les sensibiliser au renouvellement des générations en agriculture et aux problématiques agricoles plus générales » rappelle Jérémy.

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